23 juin 2016, les résultats nous sont communiqués, bluffants. Cinq de nos candidats, élèves de Terminale au lycée Faustin Fléret, sont admis à l’IEP de Paris. De mémoire de Convention d’Éducation Prioritaire, cela n’était jamais arrivé, ni à l’échelle de l’établissement, ni à celle de l’Académie. Passées la joie immense et la fierté, qu’en est-il aujourd’hui ?
Joseph Cange, Mike Cysique, David Méport et Arnaud Naraïnin ont entamé leur cursus sur le campus de Paris ; Tristan Relet-Werkmeister a choisi le programme euro-américain du campus délocalisé de Reims. Arrivés en août, ils ont bénéficié d’une semaine d’intégration avant le début des cours : de quoi mesurer les changements à venir… L’aveu de l’un d’entre eux est pour le moins saisissant : « J’ai l’impression d’avoir plus grandi en un mois ici qu’en un an aux Antilles. ». L’adaptation paraît aisée, même si la charge de travail – très conséquente – les empêche certainement de profiter totalement des réjouissances de ces nouveaux espaces géographiques et culturels. À l’approche des premiers galops, les exposés s’enchaînent, les lectures et des fiches se multiplient : nos ex-lycéens travaillent d’arrache-pied mais confient que la tâche n’est pas insurmontable, à la faveur d’une puissance de travail déjà bien aiguisée l’an dernier. Leur motivation n’a d’égal que l’attrait qu’ils éprouvent : pour les cours de haute tenue, les rencontres incroyables, les événements extraordinaires – Joseph a participé au procès de Mao ! – et les associations très nombreuses qui proposent des activités de tous ordres. Tristan a rencontré des « stagiaires à l’Assemblée nationale, des membres du staff de Clinton, des volontaires de la jungle de Calais » ; Joseph fait partie du chœur et de l’orchestre de l’IEP ; Mike avoue des rencontres « fascinantes ». Leur intégration ne fait donc aucun doute et elle est facilitée, affirment-ils, par leur préparation au concours qui, reposant pour une large part sur la maîtrise de l’oral, leur permet de s’illustrer dans les débats lors des cours de rhétorique. Ainsi Arnaud et David ont-ils été félicités par leurs enseignants pour leur éloquence. Les premières notes sont variables, de « pas fameuses, c’est un peu perturbant » à excellentes (c’est-à-dire 20 !), mais les cinq garçons sont mus par la même détermination et la même envie de réussir… à l’image de Manuela Latchoumaya qui a brillamment validé sa deuxième année en juin dernier et qui aborde son année à l’étranger avec enthousiasme. Elle vient en effet d’arriver à Manchester pour dix mois : « le choc total » ! Mais un choc positif « qui permet de réfléchir à ce qu’ [elle] veu[t] vraiment dans le futur ».
Concernant le dispositif au lycée, le retour très encourageant de nos anciens élèves est exaltant. Ils ont pu comparer leur préparation au concours à celles d’autres étudiants entrés par la voie de la CEP. Le constat est unanime : nous leur permettons de progresser en Terminale, de réussir le concours et d’intégrer l’IEP sans complexes. Cela porte à seize le nombre d’élèves de Faustin Fléret admis à Sciences Po Paris depuis 2006. Nos efforts conjugués sont donc récompensés et donnent à penser que nos méthodes de travail et notre engagement font leur preuve. À nous donc de poursuivre dans cette voie d’accompagnement et à ne rien céder sur le plan des exigences de travail et de l’épanouissement intellectuel. C’est à ce titre, par exemple, que nous convions nos élèves de l’atelier à une rencontre avec Axel Kahn le 11 octobre prochain autour de la thématique de l’humanisme et de l’homme augmenté.
Marie-Alice Mouchart,
Pour l’équipe Sciences Po du lycée Faustin Fléret,
Le 10 octobre 2016